L'inconnaissable
Il m'arrive dans les moments de doutes, comme de grandes espérances, qui sont, comme c'est étrange, parfois les mêmes... de plonger ma main dans un petit sac de velours, d'en brasser le contenu en écoutant le chant clair des objets captifs, qui s'entrechoquent, mais qui nullement ne protestent, bien au contraire, manifestant uniquement leur joie simple de se retrouver, de se saluer, de s'effleurer, de s'embrasser, de s'épouser parfois, le temps d'un instant. Je me livrais ce matin à ce petit manège, profitant du rire de ces petits galets qui se découvrent le temps d'une danse à l'intérieur de la modeste bourse rouge, et finis par prendre dans ma main l'un d'entre eux. Posant la rune (car c'est bien de cela qu'il s'agit) devant moi, je constatais, avec un certain étonnement, que le petit caillou ne portait aucune inscription. Jamais auparavant je ne l'avais tirée. J'avais devant la rune d'Odin père Tout-Puissant des hommes, maître d’Asgard, la demeure des Dieux, et Dieu de l’éternité et de l’intemporel. La rune de l'INCONNAISSABLE. Je ne sais pas pour vous, mais que l'on accorde une valeur mystique à ces petites pierres, ou comme c'est plutôt mon cas, qu'on les considère surtout, comme un outil de réflexion sur soi-même... il est assez malvenu de fermer la porte à pareille divinité lorsqu'elle s'invite pour le petit déjeuner... En substance, ou au contraire en l'absence de substance le message est pour le moins clair : La fin est vide, le commencement est vide. Cette rune est le signe de la destiné qui qui se manifeste et renaît parfois de ses cendres, celle de la confiance totale, contenant une potentialité pure et inaltérée... Voilà qui est pour le moins optimiste, mais difficile à situer dans ma vie actuelle, dans laquelle je ne fini pas de me demander si je suis à la fin, ou, au contraire, au commencement, tant les deux possibilités existent et sont pour moi également pures et inaltérées. Si j'en crois les sages : chaque fois que vous tirez la Rune Blanche, soyez rasséréné : vous êtes en train de progresser dans le travail de transformation de vous même. Me voilà donc rassuré, serait-ce aujourd'hui que le « vilain petit canard » deviendra la « grand vilain cygne » ? Vu ainsi, je suis très impatient de savoir... si, si vraiment...
